En fouillant dans une librairie l’autre fois avec une amie, je suis tombée sur un livre qui était beau. Un beau livre broché à la couverture cartonnée, de belles illustrations dorées sur fond noir et un jaspage qui en jetait. Un livre qui parle de sortilèges, avec des illustrations un peu cohérentes, (et un héron sur la pochette, on va pas se mentir, ça joue beaucoup)). Mais même l’intérieur, chaque chapitre est élégamment décoré avec des symboles, des objets qui vont au-delà de ceux qu’utilisent les simples initié.e.s. Bref, je me dis que la personne qui a écrit ça a sûrement un peu de connaissances ésotériques, ce qui pourrait donner de la profondeur à l’histoire.
Je l’achète, je rentre, la lecture peut donc commencer…

Il s’agit d’une histoire où la fin du monde arrive dans 5 jours. Monde qui devra être sauvé par 5 sorcières d’horizons différents qui vont devoir se réunir. Chaque partie reprend ces 5 jours pour chacune des sorcières. Chaque partie est rédigée par une autre autrice. Tout partait bien.
CW (points d’attention) : Je spoil beaucoup, l’idée n’étant pas de vous donner envie de lire ce livre que je regrette d’avoir acheté, et je n’y vais pas avec le dos de la cuillère d’ailleurs.
Partie 1 – Vanessa
On suit Vanessa, une sorcière de Paris, elle est dans les catacombes* et un rituel a foiré. L’écriture est trop amatrice, beaucoup de répétitions de mots et beaucoup trop rapprochés. Il n’y a pas beaucoup de péripéties et toutes les solutions arrivent vite, de nulle part. D’ailleurs ça ça va être commun à toutes les parties. La personnage n’a aucune profondeur. Et puis il ne lui faut pas beaucoup pour encaisser qu’elle n’était pas la seule dans la vie de son homme. En plus, comment est-il possible de rester plusieurs mois avec une personne sans se rendre compte qu’il vit avec quelqu’un d’autre ? Il y a un aspect érotique, mais on se demande pourquoi il est là et ce qu’il apporte. Je crois bien qu’on en sait beaucoup plus sur son homme que sur elle à la fin de la partie.
Partie 2 – Alnais
Alors là à la fois la personnage est le bully (souffre douleur) de ses sœurs, mais là c’est digne de Harry Potter avec son cousin dans les premiers tome. Mais l’aspect sexuel* de l’histoire rappelle qu’il ne s’agit pas là d’un livre pour enfant. Encore une fois, un manque sérieux de profondeur.
Partie 3 – Rosa
Alors chaque meuf a son amour ou son homme dans sa partie. C’est assez fatigant, pcq c’est comme si rien ne pouvait se faire sans les hommes. Vraiment. Rosa tient le coup pcq elle croise la réincarnation de son amour de sa vie. Et surtout, son seul souci c’est « ah j’ai pris des rides », « ohlala il faut que je me remaquille », la meuf est littéralement en train de mourir, mais tout ce qui l’intéresse, c’est que le mec qui a 20 ans qui vient avec elle (qui a l’air d’avoir entre 30 et 80 ans à mesure que l’histoire avance) puisse tomber sous son charme pcq elle a comprit qu’il est la réincarnation de son ex.
C’est là que vient un vrai questionnement. La personnage parle à un moment donné d’amour intéressé et désintéressé.
Questionnements de Gruz : Pcq l’amour peut être intéressé ou désintéressé ? Non pcq je ne comprends pas comment, par essence, l’amour puisse être intéressé. Pour moi ce n’est pas de l’amour dans ce cas là.
Alors dans cette partie encore, tout se résous trop facilement. Pcq oui, y’a des motards qui débarquent de nulle part, qui sauvent Rosa et son jeunot, qui leur fournit des cartes d’identité valables. Oui pcq Rosa a plus de 100 ou 200 ans, et elle a su s’en sortir pour passer pour une personne de son temps pendant toutes ces décennies, mais là d’un coup, ohlala, il lui faudrait une carte d’identité pour prendre l’avion (de Clermont-Ferrand à Paris, genre c’est plus court que le train à cette distance là ?) et donc elle peut retirer des milles et des cents de son compte bancaire, mais elle n’a pas de papiers d’identité à jour. Cela n’a aucun sens.
Chaque évènement arrive comme un cheveux sur la soupe, c’est vraiment nul, plus l’histoire avance car tout reste égal notamment au niveau de la médiocrité. Même si le début de cette 3ème partie laisse espérer que cela s’améliore, car l’écriture semble moins pompeuse ou moins amatrice. Mais au final on ne risque pas d’être agréablement surpris.e.
Partie 4 – Je sais plus son nom et à ce niveau je m’en contrecarre
Alors là, on est arrivé.e.s au point où j’ai lâché l’affaire. On est ENCORE sur une meuf qui vit au travers de son homme (sérieusement, sur 5 sorcières y’a pas une lesbienne ? ou une personne asexuelle ? Vraiment …) et direct dès le début du chapitre, il y a des allusions au sexe. Mais son homme lui « permet » d’aller sauver la forêt plutôt qu’elle reste là à fantasmer sur le drap sur le torse de son homme. Mais quand même avant de partir, faisons encore une allusion au sexe.
On est en plein milieu de la nature, c’est une druidesse, elle vit dans les arbres. Alors là on est à Brocéliande (Cocorico) – à la limite, dans la partie 2 on était à la Réunion, et la meuf de la partie 1 est liée à un vaudou Haïtien ou d’une autre colonie française. Cocorico-bis.
Donc, des humains proches de la nature dans une forêt, et ce sont les humains les administrateur.ice.s de la Nature, pcq ouais hein, les esprits de la forêt, les animaux, les plantes, personne d’autre peut faire ça. (une autre forme de colonisation)
Donc là on est en tête à tête avec Cendruidons ! Comme si ces pouvoirs ne pouvaient exister auprès d’autres être ou esprits.
Et là, OHLALA QU’IL EST GENTIL LE HOMME. Il prend en charge les fonctions de sa femme. Punaise, mi Nice-guy, mi « je prend une partie de ta charge mentale pcq c’est le 8 mars ». A ce stade je suis quasiment au taquet de mon énervement.
Non parce-que tu comprends, déjà c’est une femme donc forcément elle est dans le care (le soin) et elle n’est au final qu’une infirmière de la nature (déjà paie ta vision des Druides, et Druidesses, y’aurait des choses à en redire) Mais du coup, elle est pas sûre de ce qui se passe, alors elle va voir qui ? « Grand mère feuillage » version Brocéliande (faut pas déconner, c’est un mâle qui n’acceptera de lui parler que s’il l’a décidé)
Et là, on en revient à Gwenhaël*. Comme si ça ne suffisait pas qu’il s’appelle comme ça, il y a un fichu h dans le prénom qui me semble juste … abusé ? C’est le pom-pom. Alors c’est peut-être la fin du monde, elle le croise, et que pense-t-elle ?

Ohlala je ne peux pas me recentrer sans la nature ou… LE CUL DE MON HOMME et je suis incapable de trouver SEULE le pouvoir en moi.
Non pcq c’est pas fini. Il est quand même une source de violence inarrêtable. Et c’est A ELLE de VEILLER SUR LUI à cause de ça. Mais c’est lui qui lui rappelle tout ce qu’elle doit faire et qui a réponse à tout.
BIEN ÉVIDEMENT QU’IL A RAISON SI TU LE CARESSES TOUJOURS DANS LE SENS DU POIL. MAIS TU COMPRENDS? LE CUL !
*Petite parenthèse sur ce prénom, je ne sais pas pourquoi, mais les prénoms à la Gwen, Gwendoline, Gwenaël, Géraldine, etc… y’a un truc, ça m’hérisse le poil. Je crois que ce sont des personnes que j’ai rarement appréciées.
Arrivée au moment où elle a en fait des animaux à elle, notamment une jument pour la servir. Bah ça m’a soulée, j’ai décidé de ne pas finir ce livre à ce moment là. On est vraiment dans la colonisation de la nature. C’est ok d’avoir un cheval pour se déplacer, mais pas quand tu viens de construire tous le contexte que tu y as mis là.
Partie 5 – Cora
J’ai, par acquis de conscience survolé les 2 premiers jours de a dernière sorcière. Là on est sur une personne mineure, qui dépend de sa mère, sa mère est en train de clamser. Et je me dis « ah tiens ? y’a pas d’homme là ? » et j’avais peur d’un passage pédocriminel… Mais au final, il n’a pas fallu longtemps, jour 2, elle commence à plonger ses yeux dans ceux d’un homme à peine plus vieux qu’elle. Ouais bon, elle a 14 ans, on est sur un livre pour adultes, on peut épargner la sexualisation des enfants s’il vous plait ?
Les catacombes de Paris
QUELLE ORIGINALITÉ ! COMME SI LES CATACOMBES DE PARIS ÉTAIENT LE SEUL ENDROIT CHARGE. D’autant que c’est un endroit très peu chargé aujourd’hui. Oui pcq l’histoire se passe de nos jours. Alors je veux bien que ça soit un livre franco-français. Qu’on veut mettre en avant la France, tout ça… Mais Paris, encore et toujours, les catacombes, encore et toujours… ça me fatigue.
L’érotisme du livre ou comment apprendre la subtilité dans le sexe (non)
Il faut parler de plusieurs scènes de ce livre. Il faut parler de cette rencontre d’une des protagonistes avec un flic qu’elle ne connaît ni d’Adam, ni d’Eve, mais qu’elle va connaître bibliquement en moins d’une heure. Ça commence et ça fini vite en sexe sans vraiment d’ambiance. En 2 paragraphes à tout casser. Il y a un côté « main/bite » qui rappelle une sexualité beaucoup trop hétéronormée et phallocentrée. Ce sont des femmes qui écrivent, ne connaissent-elles rien d’autre que « coït » / « bite » / « vagin » ? A en croire la naïveté de la perso (Alnais), qui est en mode : « au pire je fini femme de flic » peut être qu’effectivement les écrivaines ne sont pas sorties de ces carcans, ça me déprime. Mais quand même, coucher = engagement de couple ? Ça me fatigue… La meuf le connait depuis moins d’une heure, elle couche avec, et elle se dit « au pire si je réussi pas à sauver le monde, je peux devenir sa femme »…
Quid du consentement ? Non pcq ce que je n’ai pas encore dit, c’est qu’elle le touche alors qu’il est inconscient. Rien ne va dans ce passage porno qui n’apporte rien à l’histoire.
Honnêtement, tout ces passages auraient pu permettre de trouver de la profondeur dans leur passés respectifs, notamment sur leur lien à la magie.
La notion de bien et de mal.. etc…
L’ombre, la lumière, le bien, le mal, tout semble trop manichéen. Et il n’y a dans ce livre absolument AUCUNE nuance.
Conclusion
Bref, avant je me disais, au pire, le livre est beau, il reste sur mes étagères. J’en suis au point où ça me questionne de le garder tellement il a généré d’énervements de ma part. Pourtant je ne suis pas mauvais public avec les livres puisque j’en ai pas lu des masses. Mais là, non, juste non.